Attachement polyamoureux : La sécurité de l'attachement dans un couple 'multi-bases'
- Sabrina B.
- 19 août
- 5 min de lecture
Dans le discours populaire, le concept d’attachement est souvent associé à l’exclusivité. Notre cerveau, comme nous le rappelle la théorie de l’attachement, est câblé pour rechercher un "lieu sûr". Traditionnellement, ce lieu sûr se trouve dans la figure d’un seul partenaire, dont la présence et la fiabilité nous permettent d’explorer le monde en toute confiance. Mais qu’arrive-t-il lorsque ce modèle exclusif est déconstruit ? La non-monogamie consensuelle, loin d’être un simple arrangement social, pose une question fondamentale : comment maintenir un sentiment de sécurité profonde – une base sécurisante – lorsque notre vie émotionnelle n’est pas concentrée sur une seule personne ? La réponse réside dans la capacité à bâtir des relations "poly-sécures", un concept exploré en profondeur dans l'ouvrage de Jessica Fern.
La sécurité ne réside pas dans l'exclusivité, mais dans la certitude que chaque lien, quelle que soit sa nature, est bâti sur la confiance et la présence.
La non-monogamie, loin de rendre l'attachement inutile, en fait une compétence encore plus cruciale. Elle ne supprime pas la peur, mais nous offre une opportunité unique d'y faire face, d'en comprendre les origines et de transformer les schémas d'attachement insécures en un tissu relationnel résilient et intentionnel.

Comprendre les styles d'attachement dans le polyamour
Avant de pouvoir bâtir une base sécurisante, il est essentiel de comprendre comment les styles d'attachement, hérités de l'enfance, se manifestent dans un contexte de polyamour.
L'attachement sécure se caractérise par la confiance et l'équilibre. Une personne avec un attachement sécure se sent à l'aise avec la proximité et l'indépendance de son partenaire. Dans une relation non-monogame, elle est capable de gérer ses émotions, de communiquer ses besoins de manière claire et de se réjouir du bonheur de ses partenaires sans se sentir menacée. C'est le modèle idéal vers lequel tend le travail sur soi.
L'attachement anxieux est souvent marqué par une peur de l'abandon. Dans le polyamour, cela peut se traduire par une jalousie intense et un besoin constant de réassurance. Le cerveau émotionnel d'une personne anxieuse peut percevoir la relation de son partenaire avec un autre comme une menace existentielle. Cette peur, si elle n'est pas gérée, peut créer un cercle vicieux de demandes d'attention et de conflits, sabotant toutes les relations.
L'attachement évitant se définit par un désir d'indépendance excessive et une réticence à la vulnérabilité. Une personne avec un attachement évitant peut sembler parfaitement adaptée au polyamour, car elle est à l’aise avec la distance et la liberté. Cependant, cette distance est souvent un mécanisme de défense pour éviter l'intimité émotionnelle, ce qui peut rendre la connexion profonde difficile, voire impossible.
Comprendre son propre style d'attachement et celui de ses partenaires est la première étape pour naviguer dans les complexités émotionnelles de la non-monogamie. Cela permet de poser un diagnostic honnête des peurs et des besoins de chacun.
Le concept de la "base sécurisante" multiples
Le cœur de l'approche "poly-sécure" est le concept de la base sécurisante, traditionnellement unique, qui devient multiple. Une base sécurisante est une personne qui offre confort, sécurité et une "réponse aimante". Dans une relation non-monogame, il est possible d'établir plusieurs bases sécurisantes, créant ainsi un réseau de soutien qui enrichit et stabilise la vie émotionnelle.
Chaque partenaire peut devenir une base sécurisante à sa manière, en offrant des espaces émotionnels différents et complémentaires. L'un peut être un confident de longue date, un autre un stimulant intellectuel, et un troisième un soutien dans les moments de crise. C'est cette diversification de la sécurité qui permet à l'individu de se sentir profondément soutenu sans dépendre d'une seule source.
Les outils pour bâtir des "multi-bases" sécures
La construction d'un attachement sécure dans une relation non-monogame n'est pas passive. Elle nécessite un travail intentionnel sur soi et sur la communication.
La communication honnête et vulnérable. La transparence est l'oxygène du polyamour. Il est essentiel de parler ouvertement de ses peurs, de ses insécurités et de ses besoins, même si cela est inconfortable. Il ne s'agit pas de "gérer" la jalousie en la cachant, mais de l'accueillir comme un signal d'alarme et de la partager avec son partenaire pour trouver ensemble une solution.
La validation émotionnelle. La syntonie émotionnelle est l'outil le plus puissant pour renforcer la sécurité. Cela implique d'écouter et de valider les émotions de ses partenaires, même si on ne les comprend pas ou ne les partage pas. Une phrase comme "Je comprends que tu te sentes menacé par cette situation" est une puissante affirmation de la sécurité de l'attachement.
Les "Knot Points" : Gérer les nœuds émotionnels. Jessica Fern introduit le concept des "Knot Points", ces moments d'inconfort ou de tension où le besoin de sécurité est mis à l'épreuve. Ces points peuvent être des rendez-vous avec un autre partenaire, des discussions sur des projets d'avenir, ou des moments de vulnérabilité. Les identifier, les anticiper et les gérer avec soin est essentiel pour éviter les crises.
La définition de limites claires et consensuelles. Dans un couple non-monogame, les limites ne sont pas des prisons, mais des balises qui guident la relation. Elles doivent être discutées et renouvelées régulièrement, en fonction de l'évolution des besoins de chacun.
Conclusion : De la peur de l'abandon à la joie de la connexion dans l'attachement polyamoureux
Naviguer dans les complexités de la non-monogamie en adoptant une approche "poly-sécure" est un chemin exigeant, mais profondément enrichissant. Il s'agit de passer d'un attachement réactif, où la peur dicte les actions, à un attachement proactif et conscient, où l'amour et la sécurité sont au centre. En apprenant à être sa propre base sécurisante tout en créant des liens de confiance avec les autres, nous nous libérons de la peur de l'abandon et nous nous ouvrons à une joie plus grande : celle d'être pleinement soi-même, soutenu par un réseau d'attachements aimants et solides.
Le vrai travail n'est pas de supprimer la jalousie, mais de l'utiliser comme un guide pour identifier ses propres blessures et les communiquer avec un cœur ouvert. C'est en faisant face à nos peurs que nous construisons un amour capable de s'étendre, de se diversifier et de s'approfondir.
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Crédit image : @Pablostanley
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