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Au-delà de la monogamie : L'infidélité en polyamour et le miroir de nos attentes

Dans notre société, l'infidélité est un concept qui suscite une réaction émotionnelle immédiate et binaire. Elle est la trahison ultime, la fin d'une promesse sacrée, le symbole de la rupture. Cette perception est si profondément ancrée que l'idée d'infidélité dans un couple non-monogame peut sembler un oxymore. Une idée reçue voudrait que, puisque tout le monde est libre d'aimer d'autres personnes, la tromperie y est impossible. Or, cette vision simpliste manque l'essentiel. L'infidélité n'est pas une question de nombre de partenaires, mais de transgression d'un contrat de confiance, qu'il soit explicite ou implicite.

Le véritable défi de l'infidélité ne réside pas dans le fait d'avoir une autre relation, mais dans le silence sur nos attentes et la peur d'en parler.

C'est à travers le prisme des relations non-monogames consensuelles que nous pouvons réellement comprendre ce que l'infidélité signifie et, plus encore, ce qu'elle révèle sur notre propre vision de l'amour, de la sécurité et de la trahison.


Thérapie de couple pour infidélité en polyamour
L'infidélité n'est pas un concept qui disparaît avec l'exclusivité. En polyamour, sa définition, plus complexe, nous force à questionner les fondations de la confiance dans la société.

Le polyamour : L'infidélité redéfinie par le consentement


Dans un couple monogame, l'infidélité est définie par la rupture d'un accord d'exclusivité sexuelle et émotionnelle, un accord souvent implicite et jamais réellement discuté en profondeur. Dans le polyamour, où l'exclusivité n'est pas un prérequis, la définition de la trahison est bien plus nuancée et se fonde sur un socle de consentement continu et de communication radicale.

Le Dr. Justin L. Clardy, dans son ouvrage "Why It's OK to Not Be Monogamous", souligne que l'infidélité ne disparaît pas dans ces relations, mais qu'elle y prend une nouvelle forme. L'infidélité est la violation d'un accord mutuel. Ce qui est en jeu n'est pas l'acte en lui-même, mais le mensonge et la tromperie qui l'entourent.

  • La trahison du pacte de transparence : En polyamour, la transparence est un impératif. L'infidélité réside dans le fait de cacher une rencontre, de mentir sur la nature d'une relation ou d'agir en secret. Ce qui détruit la confiance n'est pas le fait que le partenaire ait une autre relation, mais qu'il ait délibérément choisi de cacher cette information, violant ainsi le principe même du consentement éclairé.

  • La transgression des limites consensuelles : Les couples non-monogames définissent des règles précises : certains peuvent accepter des partenaires secondaires, mais pas que ces relations empiètent sur la vie familiale ; d'autres peuvent autoriser le sexe, mais pas l'attachement émotionnel. La trahison est la rupture de ces limites établies et consenties par tous.

L'infidélité en polyamour est donc un concept qui tourne moins autour de la sexualité que de la tromperie et du non-consentement.



Le miroir de la monogamie : l'infidélité comme révélateur de nos attentes


En forçant à redéfinir l'infidélité, le polyamour nous offre une perspective nouvelle sur la monogamie elle-même. Esther Perel, dans son analyse de l'amour moderne, décrit l'infidélité non pas comme le symptôme d'une relation qui va mal, mais comme une crise de l'amour moderne où nous attendons de notre partenaire qu'il soit tout à la fois : notre meilleur ami, notre confident, notre amant passionné, notre soutien financier, et la source de notre sécurité.

  • Le dilemme de l'amour moderne : Notre société nous a vendu un idéal d'amour exclusif qui doit combiner la sécurité (le besoin de permanence) et le désir (le besoin d'aventure et de nouveauté). La monogamie, qui promettait de contenir ces deux forces, peut parfois s'avérer incapable d'y parvenir, ouvrant la voie à l'infidélité. Esther Perel parle de "l'infidélité du désir", une quête d'une version alternative de soi-même, de la liberté et de l'aventure perdue.

  • Le silence des attentes : En monogamie, de nombreux accords sont implicites. Nous supposons que le partenaire sait ce que nous attendons de lui sans que nous ayons besoin de le formuler. Cette absence de communication, qui n'est souvent brisée que par la crise de l'infidélité, met en lumière le travail d'explicitation et de transparence qui devrait être le fondement de toutes les relations.

Le polyamour, par sa nature même, impose une communication radicale et continue. Il nous montre que le défi de la monogamie n'est pas la promesse d'exclusivité, mais le silence sur nos attentes et la peur d'en parler.



La jalousie et l'attachement : L'infidélité comme blessure fondamentale


Les sources explorent l'impact psychologique de la trahison, qu'elle soit dans un cadre monogame ou non-monogame. Jessica Fern, dans "Polysecure", nous éclaire sur la façon dont nos styles d'attachement influencent notre réaction à la trahison.

  • La jalousie comme signal : Dans une relation polyamoureuse, la jalousie est rarement vue comme une menace existentielle, mais plutôt comme un signal. Ce signal doit être exploré pour comprendre l'insécurité sous-jacente : peur d'être remplacé, manque de temps de qualité avec le partenaire, insécurité personnelle.

  • La peur de l'abandon : La trahison en polyamour est souvent perçue comme un abandon, une rupture de la base sécurisante. Une personne avec un attachement anxieux peut voir la relation de son partenaire avec un autre comme une menace à sa sécurité, même si cette relation est consentie. L'infidélité est alors une violation du pacte de sécurité émotionnelle et non sexuelle.

L'infidélité, dans ces contextes, est une trahison de la promesse de sécurité, qui peut avoir des racines profondes dans nos expériences passées. C'est l'un des piliers de la théorie de l'attachement qui est mis à l'épreuve.



Le chemin vers la réparation : Leçons pour toutes les relations


L'infidélité, qu'elle soit une liaison secrète en monogamie ou la violation d'un accord en polyamour, est une trahison de la confiance. Mais elle n'est pas nécessairement la fin. Le modèle B-T-R (Trahison, Confiance, Réparation) s'applique également.

  1. La reconnaissance de la douleur : La première étape est de reconnaître l'étendue de la blessure. Dans les deux modèles, cela demande de la transparence et un courage de la part du partenaire qui a commis l'infidélité.

  2. La reconstruction de la confiance : La reconstruction de la confiance est un processus actif. En polyamour, cela peut impliquer de redéfinir les règles, de renforcer la communication et de rassurer le partenaire sur son importance. En monogamie, cela peut impliquer d'explorer les raisons qui ont mené à l'infidélité, non pas pour l'excuser, mais pour la comprendre et s'assurer que le couple en ressortira plus fort.


L'infidélité nous enseigne une leçon essentielle : dans toute relation, le vrai travail ne réside pas dans les règles, mais dans la communication, le consentement et la capacité à faire face à nos peurs profondes. Le polyamour, en forçant ce travail d'explicitation, devient un miroir qui nous renvoie l'image d'une société où les attentes sont devenues si lourdes qu'elles ne peuvent plus être portées par un seul individu ou un seul modèle.


Mots clefs : Infidélité, Polyamour, Non-monogamie, Consentement, Confiance, Esther Perel, Communication.

Crédit image : @Westkast

Qu'est-ce que la notion d'infidélité révèle sur vos propres peurs et vos attentes ? Si vous souhaitez explorer ces questions et reconstruire une fondation de confiance solide, quel que soit le modèle de votre relation, je vous propose des séances de thérapie de couple en ligne et en présentiel à Monaco pour vous accompagner.


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